#Article : « Quelle influence Instagram exerce-t-il sur les photographes professionnels ? » par Cynthia Dos Santos

Paru le 10 octobre 2018 sur le site Phototrend, l’article « Quelle influence Instagram exerce-t-il sur les photographes professionnels ? » est directement lié à notre thématique de recherche. Bien qu’il ne s’agisse pas d’un écrit scientifique mais plutôt d’un article de blog, il nous paraissait intéressant d’en prendre connaissance, de le lire et d’en proposer une courte analyse sur notre propre blog.

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L’auteure de l’article, Cynthia Dos Santos, est journaliste. Comme nous, elle est également partie à la rencontre d’utilisateurs de l’application afin de récolter leurs témoignages. Ces derniers, qu’elle qualifient de « photographes plus ou moins populaires sur Instagram« , ont été interrogés sur l’influence supposée exercée par l’application sur leur travail de photographes professionnels. Cet axe de travail, s’il est abordé dans notre propre article, n’est pas le fil rouge de notre recherche. Il ne s’agit que d’une partie de notre travail, contrairement à cet article entièrement dédié à cette thématique.

#normes #règles

Dès les premières lignes de l’article, l’auteure met en exergue l’existence de « règles à suivre » sur le réseau afin de gagner le « plus d’abonnées possible » : « Il existe plusieurs critères à respecter si l’on veut que nos publications Instagram attirent l’attention. Et lorsqu’on ne les respecte plus, on peut perdre des j’aime et de précieux abonnés« . Ces propos, très catégoriques, font directement écho aux données récoltées lors des dix entretiens que nous avons réalisés. Nous avons pu le constater : il existe des règles implicites inhérentes à Instagram qui conduisent les utilisateurs à produire des contenus normés. En effet, selon l’auteure de cet article, l’audience sur Instagram, « le public« , s’habituerait à retrouver un certain contenu iconographique de manière quasi-systématique, poussant ainsi les créateurs de contenus à produire des clichés qui répondent aux mêmes codes et attentes. Cet argument s’appuie notamment sur la citation d’un instagrameur interrogé par la journaliste, Aliocha Boi, qui confie : « Je pense qu’Instagram impose un style particulier et souvent les photographes sont pris dans ce piège très tôt. Nous savons tous que les photographies dans un format touristique ou un coucher de soleil feront plus de j’aime qu’une photographie de rue ou un portrait ». Les utilisateurs de l’application auraient ainsi plus de mal à liker un cliché qui ne réponds pas à ce qu’ils s’attendent à voir sur le réseau. De cette manière, nous pouvons imaginer que les producteurs de contenus, les photographes notamment, sont influencés par le comportement de leurs communautés.

#normes #esthétiques #feed

L’article de Cynthia Dos Santos s’appuie également sur de nombreuses captures d’écrans de feeds, c’est-à-dire de profils d’utilisateurs de l’application. Ces captures permettent rapidement de déceler une certaine cohérence esthétique entre les différentes photos publiées par une seule et même personne. La photographe Pauline Darley, interrogée pour les besoins de l’article, explique « Je fais attention à ce que mon profil soit coloré et beau à regarder. » Ilan Benattar, un autre photographe qui cumule 11 100 abonnés sur le réseau social, confie également « un photographe aime voir de belles choses, alors logiquement il fera de son mieux pour que son compte soit lui aussi beau à regarder ». Là encore, les réponses recueillies par la journaliste coïncident avec plusieurs résultats que nous avons nous-même récoltés lors de nos entretiens. En effet, certains de nos enquêtés s’inscrivent, eux aussi, dans cette démarche de recherche esthétisante qui tend donc vers l’instauration de normes esthétiques et visuelles. Le fait d’avoir un compte « harmonieux et beau à regarder » semble alors s’imposer comme un élément indispensable permettant de gagner en visibilité sur le réseau. Cette démarche s’expliquerait par le fait que le réseau social représente une véritable « vitrine pour les photographes« , comme l’indique Cynthia Dos Santos, leur permettant d’exposer leur travail, d’en faire la promotion et, pourquoi pas, d’obtenir de nouveaux contrats et de nouveaux clients.

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#contraintes #limites

Cet article aborde également la question des « contraintes » induites par l’utilisation du dispositif. Il s’agit, une fois encore, d’une thématique que nous retrouvons parmi les réponses de nos enquêtés et que nous avons donc traitée au cours de nos recherches. Le format imposé par Instagram soit le recadrage quasi-automatique des clichés qui débouche sur une perte de leur qualité, est susceptible de gêner certains photographes, habitués à présenter leurs œuvres sur de grands formats. L’algorithme de l’application tendrait, lui aussi, à altérer le travail des producteurs de contenus en le rendant moins visible sur la plateforme. La mise en avant de contenus sponsorisés, de plus en plus nombreux, aurait tendance à nuire prendre le pas sur les contenus publiés par les utilisateurs qui sont alors poussés à tout faire pour se démarquer. La création d’une identité forte sur le réseau apparaît alors comme la solution.

#clients #vitrine

Une sous-partie de l’article est en effet titrée de la manière suivante : « Mais Instagram semble avoir un avantage, il ramènerait des clients« . En effet, si Instagram est une vitrine du travail du photographe, n’oublions pas qu’il s’agit bien d’une vitrine gratuite. Le réseau social vient alors peu à peu remplacer le traditionnel site et invite à la prise de contact. Les potentiels acheteurs de clichés ou les modèles n’hésitent pas à interpeller leurs photographes favoris directement via l’application, abolissant un peu plus les frontières tant physiques qu’intellectuelles. C’est ce qu’explique Jérémy Villet, photographe et utilisateur de l’application : « Beaucoup de personnes osent venir me demander d’acheter mes photographies. Instagram crée ce lien entre nous et le public qui fait qu’ils se sentent moins impressionnés et viennent nous aborder. »

#bilan

Ainsi, bien que cet article de Cynthia Dos Santos ne soit pas un écrit scientifique, nous pouvons tout de même remarquer un certain nombre de points communs avec notre objet de recherche. Plusieurs thématiques abordées dans notre article se retrouvent dans celui de la journaliste. Les réponses de certaines des personnes interrogées par la l’auteure coïncident également avec celles de nos enquêtés. Toutefois, si notre recherche prend bien en compte la perception et la vision des photographes professionnels, nous nous sommes également penchées sur les pratiques des photographes amateurs, ce qui n’est pas le cas ici. Le cœur de notre article réside bien dans le brouillage des frontières entre le professionnel et l’amateur de photographie, débouchant ainsi sur la figure du « pro-am » de Patrice Flichy.

L’article de Cynthia Dos Santos est à retrouver ici

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